Paroles de la chanson Je Suis Comme Je Suis par Juliette Greco Je suis faite pour plaire Et n'y puis rien changer Mes lĂšvres sont trop rouges Mes dents trop bien rangĂ©es Mon teint beaucoup trop clair Mes cheveux trop foncĂ©s Et puis aprĂšs ? Qu'est-ce que ça peut vous faire ? Je suis comme je suis Je plais Ă qui je plais Je suis comme je suis Je suis faite comme ça Quand j'ai envie de rire Oui, je ris aux Ă©clats J'aime celui qui m'aime Est-ce ma faute Ă moi Si ce n'est pas le mĂȘme Que j'aime chaque fois ? Je suis comme je suis Je suis faite comme ça Que voulez-vous de plus ? Que voulez-vous de moi ? Je suis faite pour plaire Et n'y puis rien changer Mes talons sont trop hauts Ma taille trop cambrĂ©e Mes seins beaucoup trop durs Et mes yeux trop cernĂ©s Et puis aprĂšs ? Qu'est-ce que ça peut vous faire ? Je suis comme je suis Je plais Ă qui je plais Je suis comme je suis Je suis faite comme ça Quand j'ai envie de rire Oui, je ris aux Ă©clats J'aime celui qui m'aime Est-ce ma faute Ă moi Si ce n'est pas le mĂȘme Que j'aime chaque fois ? Je suis comme je suis Je suis faite comme ça Que voulez-vous de plus ? Que voulez-vous de moi ? Qu'est-ce que ça peut vous faire Ce qui m'est arrivĂ© ? Oui, j'ai aimĂ© quelqu'un Et quelqu'un m'a aimĂ©e Comme les enfants qui s'aiment Simplement savent aimer Aimer, aimer Pourquoi me questionner ? Je suis lĂ pour vous plaire Et n'y puis rien changer Je suis comme je suis Je suis faite comme ça Quand j'ai envie de rire Oui, je ris aux Ă©clats J'aime celui qui m'aime Est-ce ma faute Ă moi Si ce n'est pas le mĂȘme Que j'aime chaque fois ? Je suis comme je suis Je suis faite comme ça Que voulez-vous de plus ? Que voulez-vous de moi ?
Je suis comme je suis. - [1]" (1993) avec Jacques PrĂ©vert (1900-1977) comme Auteur du texte complĂ©ment d'information Oeuvres complĂštes (1993)Je suis comme je suisJe suis faite comme çaQuand j'ai envie de rireOui je ris aux Ă©clatsJ'aime celui qui m'aimeEst-ce ma faute Ă moiSi ce n'est pas le mĂȘmeQue j'aime chaque foisJe suis comme je suisJe suis faite comme çaQue voulez-vous de plusQue voulez-vous de moiJe suis faite pour plaireEt n'y puis rien changerMes talons sont trop hautsMa taille trop cambrĂ©eMes seins beaucoup trop dursEt mes yeux trop cernĂ©sEt puis aprĂšsQu'est-ce que ça peut vous faireJe suis comme je suisJe plais Ă qui je plaisQu'st-ce que ça peut vous faireCe qui m'est arrivĂ©Oui j'ai aimĂ© quelqu'unOui quelqu'un m'a aimĂ©eComme les enfants qui s'aimentSimplement savent aimerAimer aimer...Pourquoi me questionnerJe suis lĂ pour vous plaireEt n'y puis rien changer. Aujourdhui moi aussi je me suis promenĂ© avec mon camarade. avec mon ami. et ses grands Ă©clats de voix de colĂšre et de rire et de portes claquĂ©es et de carreaux brisĂ©s rebondissaient sur le pavĂ© mais toujours il y avait dans la main de lâamitiĂ© le mastic du vitrier. Aujourdâhui 10 novembre 1955. je me suis promenĂ© avec lui dans la RĂ©sumĂ© Entrez, Mesdames et Messieurs, entrez⊠Les jeunes et les vieux⊠Entrez les amoureux ! Justement on va parler de vous, ça vous intĂ©resse⊠Venez voir vivre et mourir, aimer et souffrir, comme on dit dans les chansons, les Enfants du Paradis⊠Nous allons vous raconter leur destin et le vĂŽtre du mĂȘme coup⊠Un marchand dâhabits, la beautĂ©, la gloire, les ports dâhĂŽtel complices, les coulisses et Pierrot au clair de lune, ce sont les histoires de tout le monde et de toujours⊠Câest la vie, qui ne commence ni ne finit, lâamour, la mort, hier comme aujourdâhui. » â Nino Franck, 1945 Avis Les Enfants du Paradis est un film que jâadore et ses magnifiques dialogues que lâon doit au grand PrĂ©vert y sont pour beaucoup. Je nâai donc pas hĂ©sitĂ© trĂšs longtemps avant de me plonger dans la réédition de son scĂ©nario afin de profiter encore plus de toute la poĂ©sie de ce film et quelle poĂ©sie ! Je ne me lasse pas de lire et de relire certains passages tant je suis amoureux de ces dialogues ! Si le film est trĂšs fidĂšle au scĂ©nario, on distingue tout de mĂȘme quelques diffĂ©rences. Tout dâabord dans le nom des personnages Lacenaire sâappelle MĂ©cenaire ; FrĂ©dĂ©rick LemaĂźtre sâappelle FrĂ©dĂ©rick Leprince et les Deburau portent le nom de Taburau. Mais la principale diffĂ©rence avec le film rĂ©side dans la fin de lâhistoire. Il se trouve en effet quâune troisiĂšme Ă©poque avait Ă©tĂ© imaginĂ©e pour le film qui nâa malheureusement pas vu le jour. Elle aurait dĂ» raconter le passage de la vie de Baptiste Deburau oĂč il tue un homme en voulant dĂ©fendre sa femme. Câest ce qui arrive Ă la fin de ce scĂ©nario Baptiste tue le marchand dâhabits en voulant protĂ©ger Garance. Quand on regarde Les enfants du paradis, on sâaperçoit vite de la prĂ©sence dâune mise en abyme. Le film dĂ©bute par les 3 coups » et un rideau qui se lĂšve pour crĂ©er lâambiance dâun théùtre dans le théùtre. De mĂȘme, la scĂšne de pantomime jouĂ©e par Baptiste dans la premiĂšre Ă©poque nâest pas sans Ă©voquer lâhistoire de Baptiste, Garance et FrĂ©dĂ©rick. Avec la fin de ce scĂ©nario, on comprend cette fois que la pantomime jouĂ©e dans la seconde Ă©poque, oĂč Baptiste tue le marchand dâhabits, est une façon dâillustrer le drame tragique qui se prĂ©pare. Ceci est soulignĂ© par la rĂ©plique de JĂ©richo en partie coupĂ©e dans le film Quand on pense que tous les soirs Baptiste assassine un pauvre vieux bonhomme comme moi⊠et pour amuser le monde encore⊠Sans parler du mauvais exemple⊠Ca vous amuserait peut-ĂȘtre⊠hein⊠quâun de vos clients⊠une petite arsouille, attende le bon papa JosuĂ©, au coin dâune rue, et quâil le refroidisse gentiment⊠comme aux Funambules » Ce scĂ©nario est donc Ă dĂ©couvrir en complĂ©ment du film pour mieux en apprĂ©cier toute la beautĂ© et toute la profondeur. On notera aussi que cette Ă©dition est accompagnĂ©e dâun avant-propos de Carole Aurouet sur la genĂšse des Enfants du Paradis ainsi que de la reproduction de plusieurs documents photographies, lettres, contrats⊠liĂ©s au film. Un ouvrage qui plaira Ă tous ceux qui ont apprĂ©ciĂ© le film ou tout simplement qui aiment la poĂ©sie de PrĂ©vert. Pour moi câest un grand coup de cĆur ! A dĂ©couvrir Ă©galement, lâexposition Les enfants du Paradis Ă la CinĂ©mathĂšque jusquâau 23 janvier 2013. Extraits Extrait 1/3 BAPTISTE â Quand jâĂ©tais malheureux⊠je dormais⊠je rĂȘvais⊠Mais les gens nâaiment pas quâon rĂȘve⊠souriant alors ils vous cognent dessus histoire de vous rĂ©veiller un peu »⊠Les yeux soudain brillants, les dents serrĂ©es. Heureusement, jâavais le sommeil dur », plus dur que les coups, et je leur Ă©chappais en dormant, en rĂȘvant⊠Oui je rĂȘvais⊠jâespĂ©rais, jâattendais⊠Brusquement. Câest peut-ĂȘtre vous que jâattendais ! GARANCE ironique. â DĂ©jĂ ! BAPTISTE trĂšs grave. â Pourquoi pas⊠Je vous voyais peut-ĂȘtre dĂ©jĂ dans mes rĂȘves, ne souriez pas⊠nous ne savons rien de ces choses-lĂ et peut-ĂȘtre quâaujourdâhui en me jetant cette fleur⊠peut-ĂȘtre mâavez-vous rĂ©veillĂ© pour toujours ! GARANCE surprise et touchĂ©e. â Quel drĂŽle de garçon vous faites ! BAPTISTE la regardant Ă©merveillĂ©. â Comme vous ĂȘtes belle⊠GARANCE haussant les Ă©paules. â Je ne suis pas belle⊠Je suis vivante⊠câest tout ! BAPTISTE approchant son visage du sien et la voix tremblante dâĂ©motion. â Vous ĂȘtes la plus vivante⊠Jamais je nâoublierai cette nuit⊠et la lumiĂšre de vos yeux. GARANCE â Oh la lumiĂšre ! Elle sourit. Une petite lueur comme tout le monde. Extrait 2/3 BAPTISTE â La lune⊠bien sĂ»r⊠la lune Ă©clatant dâun triste rire câest mon pays, la lune ! A mi-voix avec une sourde amertume. Celui-lĂ nâest pas des nĂŽtres, il nâest pas nĂ© comme nous. Une nuit que la lune Ă©tait pleine il est tombĂ©, câest tout ! Hochant la tĂȘte et imitant toujours les autres ». Et il ne veut rien entendre⊠et il ne veut rien comprendre⊠et il rĂȘve de choses impossibles⊠Brusquement. Et pourquoi⊠impossibles⊠puisque je les rĂȘve ces choses » ! Extrait 3/3 GARANCE levant ses yeux brillants de plaisir. â Ecoute FrĂ©dĂ©rick, Ă©coute le paradis ! Jâaime les entendre rire, comme cela aux Ă©clats ! Secouant doucement et tristement la tĂȘte. Je riais comme cela moi aussi autrefois, oui, jâĂ©clatais de rire, sans raison, sans penser Ă rien dâautre quâau rire⊠soupir⊠et maintenant ! FREDERICK â Maintenant tu es triste ? GARANCE â Non⊠je ne suis pas triste⊠mais je ne suis pas gaie non plus. Souriant avec mĂ©lancolie. Dans la boĂźte Ă musique un petit ressort sâest cassé⊠se tournant Ă nouveau vers la scĂšne et lâair est toujours le mĂȘme, mais la musique a changĂ© ! Note 1943 2012 pour la prĂ©sente Ă©dition â 173 pages â ISBN 978-2-07-013857-9 Jacques PrĂ©vert 1900-1977 â Français Heureux papa de Culturez-vous ! Trentenaire parisien passionnĂ© par l'art, la culture, le patrimoine et les voyages, je suis un flĂąneur professionnel et un Ă©ternel curieux đ JacquesPrĂ©vert. (Hahaha) Je suis comme je suis, Je suis faite comme ça, Quand jâai envie de rire Oui, je ris aux Ă©clats. Jâaime celui qui m'aime, Est-ce ma faute Ă moi Si ce nâest pas le mĂȘme Que jâaime Ă chaque fois? Je suis comme je suis, Je suis faite comme ça, Que voulez-vous de plus? Que voulez-vous de moi? (Hahaha) Je suis faite pour plaire,
Pourquoi on m'a coupĂ© la tĂȘte? Je peux bien le dire maintenant, tout s'efface avec le temps. C'Ă©tait si simple, vraiment. J'Ă©tais allĂ© passer la soirĂ©e chez des amis mais il y avait beaucoup de monde et je m'ennuyais. A cette Ă©poque j'Ă©tais un peu triste et j'avais facilement mal Ă la tĂȘte. Cette atmosphĂšre de fĂȘte m'irritait et me fatiguait. Je pris congĂ©. La maĂźtresse de maison me prĂ©vint que la minuterie Ă©tait dĂ©traquĂ©e et que l'ascenseur Ă©tait en panne lui aussi. â Je peux vous faire un peu de lumiĂšre, attendez. â De la lumiĂšre, vous plaisantez, lui dis-je, je suis comme les chats, moi, je vois clair la nuit. â Vous entendez, dit-elle Ă ses amis, il est comme les chats, c'est merveilleux, il voit clair la nuit. Pourquoi avais-je dit cela, une façon de parler, une phrase polie et qui se voulait spirituelle, dĂ©gagĂ©e. Je commençais Ă descendre pĂ©niblement les premiĂšres marches de l'escalier et les petites barres de cuivre du tapis faisaient un bruit curieux sous mes pas qui glissaient. J'Ă©tais dans une si noire obscuritĂ© que j'eus d'abord envie de remonter et d'appeler. Je fouillais d'abord mes poches, mais vainement, pas d'allumettes. Je m'assis et rĂ©flĂ©chis, Ă quoi, je ne sais plus, j'attendais peut-ĂȘtre que quelqu'un vĂźnt Ă mon secours sans, bien entendu, savoir ou deviner que j'avais besoin d'aide. Me relevant pĂ©niblement et ne trouvant pas la rampe, je me heurtais violemment contre un mur et me mis Ă saigner du nez. Cherchant dans mes poches un mouchoir, je mis enfin la main sur une boĂźte d'allumettes avec, fort malencontreusement, une seule allumette dedans. Je rallumai avec d'infinies prĂ©cautions et, cherchant une nouvelle fois la rampe, j'aperçus d'abord dans un miroir, sur le palier de l'Ă©tage oĂč je m'Ă©tais arrĂȘtĂ©, mon visage couvert de sang. Et ce fut Ă nouveau l'obscuritĂ©. Je me trouvais de plus en plus dĂ©semparĂ©. Soudain, Ă©tendant au hasard, Ă tĂątons, la main, je touchai un serpent qui se mit Ă glisser. Charmante soirĂ©e. Ce serpent, c'Ă©tait tout simplement la rampe que par bonheur j'avais retrouvĂ©e et qui rampait doucement sous ma main qui venait d'essuyer mon visage si stupidement ensanglantĂ©. Je me mis alors Ă rire j'Ă©tais sauvĂ©. Et comme je descendais allĂšgrement mais prudemment, je fus tout Ă coup renversĂ© par quelqu'un ou quelque chose qui, Ă toute vitesse, lui ou elle aussi, descendait en mĂȘme temps qu'une petite flamme, sans aucun doute celle d'un briquet. Me relevant encore une fois, je marchai Ă nouveau dans le noir, mes deux mains devant moi. Ces deux mains rencontrĂšrent le mur et le mur cĂ©da... Ce n'Ă©tait pas le mur mais une porte entrouverte. Soudain de la musique et de la lumiĂšre venant des Ă©tages supĂ©rieurs ! Sans aucun doute des invitĂ©s qui, Ă leur tour, descendaient et que la maĂźtresse de maison accompagnait, un flambeau Ă la main. Vraiment, je ne savais oĂč me mettre et ce n'Ă©tait pas une façon de parler; aussi, profitant de cette porte pour me dissimuler, je pĂ©nĂ©trai plus avant, quand tout Ă coup, dans la lumiĂšre qui grandissait, je dĂ©couvris un corps Ă©tendu Ă mes pieds. C'Ă©tait le corps d'Antoinette. Elle Ă©tait lĂ , couchĂ©e, les yeux ouverts, la gorge aussi. Antoinette avec qui j'avais vĂ©cu si longtemps et qui, le mois dernier, m'avait abandonnĂ©. Antoinette que j'avais suppliĂ©e, que j'avais mĂȘme menacĂ©e. Je ne pus retenir un cri. De terreur, ce cri et de stupeur aussi. La maĂźtresse de maison, les invitĂ©s se prĂ©cipitent, des portes s'ouvrent, d'autres lumiĂšres bientĂŽt se mĂȘlent Ă la leur, portĂ©es par d'autres locataires dĂ©shabillĂ©s, terrorisĂ©s et blĂȘmes. Beaucoup de temps dĂ©jĂ s'Ă©tait Ă©coulĂ© depuis que j'avais pris congĂ© et j'Ă©tais lĂ , muet et couvert de sang, hagard comme dans les pires histoires. PrĂšs du oorps de mon amie perdue et â en quel Ă©tat â retrouvĂ©e, sur le parquet, une lame luisait comme un morceau de lune dans un ciel Ă©toile. Dans chaque main tremblante une lumiĂšre bougeait. PrĂ©sence inexplicable ou bien trop expliquĂ©e. Vous voyez d'ici le procĂšs le pourvoi rejetĂ©, le petit verre, le crucifix Ă embrasser et encore comme une lune, le couperet d'acier. Que voulez-vous, mettez-vous Ă ma place. Que pouvais-je dire, que pouvais-je raconter? J'avais passĂ© un trop mauvais quart d'heure dans les mornes tĂ©nĂšbres de ce noir escalier et j'avais eu la folle imprudence d'affirmer je vois clair la nuit, moi, je suis comme les chats. Qui m'aurait cru alors et sans me rire au nez ? Oui, j'en suis sĂ»r, on m'aurait ri au nez pendant de longues, de trop longues annĂ©es Ă mon grĂ©. J'ai prĂ©fĂ©rĂ© me taire plutĂŽt que d'ĂȘtre ridiculisĂ©. Jacques PrĂ©vert
PQGx. 79 13 142 241 154 173 14 150 246